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Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traitres yeux Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants Polis par les ans Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Me^lant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds La splendeur orientale Tout y parlerait A l'a^me en secret Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moidre désir Qu'ils viennent du bout du monde. Les soleils couchants Reve^tent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Il pleut sur la ville Comme il pleut dans mon coeur Et le vin Sarde viril Prend et perd mon a^me en pleures
A l'ouverture, l'Ombre, ve^tue de noir, Pose au co^té de sa proie Pour la séduire d'une danse alanguie.
Avec un regard focalisé par la convoitise, Elle s'approche de l'objet désiré, Se plaque sur lui, Le ronge, s'allonge, se rétrécit.
Touche par touche, L'impalpable silhouette tranche sur les vivaces couleurs. Plus froide que la nuit, Elle virevolte dans le sombre.
Parfois victorieuse... Les lumières, ses victimes, S'éclipsent sous le poids de sa grandeur. La scène du monde se plonge dans la pénombre.
Souvent vaincue par un éclair... Puis la nuit, son ballet cesse, Gravé à jamais sur une bande assombrie. La scène du monde se fixe pour lutter contre l'oubli.
Au royaume des ombres, les flashs sont rois. Le rideau tombe... Et la danse rotative du monde, à l'infini, se poursuit...
Blanche fille aux cheveux roux, dont la robe par ses trous Laisse voir la pauvreté Et la beauté,
Pour moi, poète chétif, Ton jeune corps maladif, Plein de taches de rousseur, A sa douceur.
Tu portes plus galamment Qu'une reine de roman Ses cothurnes de velours Tes sabots lourds.
Au lieu d'un haillon trop court, Qu'un superbe habit de cour Trai^ne à plis bruyants et longs Sur tes talons;
En place de bas troués Que pour les yeux des roués, Sur ta jambe un poignard d'or Reluise encor;
Que de noeuds mal attachés Dévoilent pour nos péchés tes deux beaux seins, radieux Comme des yeux ;
Que pour te déshabiller Tes bras se fassent prier Et chassent à coups mutins Les doigts lutins
Perles de la plus belle eau, Sonnet de mai^tre Belleau Par tes galants mis aux fers Sans cesse offerts,
Valetaille de rimeurs Te dédiant leur primeurs Et contemplant ton soulier Sous l'escalier,
Maint page épris du hasard Maint seigneur et maint Ronsard Epieraient pour le déduits Ton frais réduit !
Tu compterais dans tes lits Plus de baisers que de lis Et rangerais sous tes lois Plus d'un Valois !
- Cependant tu vas gueusant Quelque vieux débris gisant Au seuil de quelque Véfour De carrefour ;
Tu vas lorgnant en dessous Des bijous de vingt-neuf sous Dont je ne puis, oh ! pardon ! Te faire don.
Va donc sans autre ornement, Parfum, perles, diamants, Que ta maigre nudité O ma beauté!
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